DISTRIBUTION
DU CONCERT
DATES
ET LIEUX
— vendredi 29 août
21h00
Amiens
Square Germaine Dulac
16 Rue du 8 Mai 1945, 80090 Amiens
PROGRAMME
DU CONCERT
En raison de la météo incertaine, le ciné-concert est déplacé au théâtre du Centre Culturel Jacques Tati à 21h.
« Eureka j’ai trouvé », a dû se dire l’immense Leo McCarey en 1927. Il est le directeur des studios Hal Roach, dont les stars sont la bande de gosses des petites canailles, Charley Chase, Snub Pollard et Max Davidson. Et pour la première fois, il fait jouer ensemble Stan Laurel et Oliver Hardy qui sont tous deux depuis une dizaine d’années devant les caméras, mais en solo. Imaginer un tandem entre ces deux-là est une idée de génie. Le maigre et le gros, le poète et le faux sérieux, le grand et le petit.
Laurel et Hardy, ce n’est pas uniquement le vieux modèle de l’Auguste et du clown blanc. À eux deux, ils créent le déséquilibre parfait. L’un est improbable, absurde, inventeur malgré lui de situations dont il ne réalise jamais la gravité ou l’absurdité. L’autre comprend le désastre, mais tout aussi inapte, il analyse la situation avec sérieux et, comme le terreau fertile aide la graine à pousser, il prend toujours la mauvaise décision qui crée le comique absurde. Il faut de la poésie et de l’innocence pour inventer le monde. Il faut de la rigueur et de la connaissance théorique pour en maîtriser les règles et le faire avancer.
Laurel est poète, et ses raisonnements doivent plus à l’inspiration spontanée, au rêve de gamin qu’à la mathématique. Hardy est raisonnable, responsable et tente en vain de maîtriser les apparences: car des deux, c’est probablement lui qui, ne remplissant pas son rôle d’adulte, permet à son comparse de pousser les situations comiques jusqu’à l’absurde. Ils sont tous deux dans des déséquilibres opposés, sans cesse au bord de la chute. Laurel et Hardy se jouent de l’espace (Vive la liberté est un chef-d’œuvre total) et du temps. Ils sont ainsi les premiers à mettre en pratique le fameux effet de slow burn, principe selon lequel une action qui devrait prendre quelques secondes est étalée sur plusieurs minutes. Œil pour œil, l’un de leurs films muets les plus célèbres, en est le parfait exemple. Un manteau qui se coince dans une porte et voici vingt minutes de délire total. Un crabe dans un pantalon, et c’est parti pour l’ascension la plus folle.
Les Laurel et Hardy ne sont pas des films pour enfants. Ils étaient tournés pour des gens de tout âge, misant sur un rire universel. Et leur jeunesse semble bien éternelle: près d’un siècle après leur tournage, les effets comiques sont intacts et fonctionnent comme au premier jour. Mark Twain disait que le meilleur moyen de tuer la poésie, c’est de l’expliquer. Alors cessons là cette tentative de présentation du duo. Pour ceux qui connaissent leurs films merveilleux, aucune explication n’est nécessaire… Et pour ceux qui ne les connaissent pas, aucune explication n’est possible. Il faut venir voir, et dès la première minute, vous serez bouleversé devant tant de perfection, de bonheur et de rire. Non seulement c’est du très grand cinéma, mais en plus, vous allez rajeunir !
SERGE BROMBERG