Grand continuateur de la tradition romantique de la musique de chambre germanique, Brahms ne laissa en ce genre que des chefs-d’œuvre. Son second Sextuor à cordes (1865) par exemple, conjugue ampleur de proportions, densité de la texture sonore, riche profusion harmonique et polyphonique avec une allégresse expressive des plus admirables. Le climat pastoral lumineux, quasi grisant de l’Allegro initial est à cet égard emblématique. S’ensuivra un Scherzo ne dédaignant pas un certain pittoresque : tour à tour pénétré d’un archaïsme délicat (dans la section principale) puis de franche rusticité (dans le Trio).. Enfin, après un Adagio bouleversant par sa profondeur méditative, le Finale alternera un thème brillant, d’un fort pouvoir « cinétique »  à un motif très chantant et prenant volontiers cette allure populaire, hymnique, voire « patriotique », qui venait si souvent sous la plume du maître allemand….

D’une double culture, française et germanique, le Lorrain Théodore Gouvy (1819-1898) maîtrisait parfaitement, tout comme Brahms, les grandes formes de la musique de chambre. A l’écoute du splendide Andante patetico de son Quintette en ré mineur « à deux violoncelles » (1879) cependant, on mesurera à quel point son univers se distingue de son illustre collègue germanique. Sforzandos et silences dramatiques, rythme de marche funèbre, grand écart des registres (de l’extrême grave au suraigu), le tout contrastant plaisamment avec un thème mélodique  au charme facile … Tout ici respire l’ambiance d’une scène d’opéra.

On abordera pleinement le domaine vocal avec l’Intermezzo,… qui n’est autre qu’une bien jolie romance magistralement transposée aux cordes mais conservant toutes les caractéristiques du genre : points d’orgue expressifs, silences, rallentandos avant chute finale etc,.. Jusqu’aux œillades de la chanteuse qu’on est libre d’imaginer…

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