Schumann aurait-il été piqué au vif par le talent de son épouse ? En tout cas, c’est peu après la naissance en 1846 du Trio op.17 en sol mineur de Clara Schumann qu’il entreprend de s’atteler à ce genre très prisé des romantiques qu’il n’avait pourtant jamais abordé jusqu’alors. Il faut dire que le modèle avait eu de quoi le stimuler. Dans un langage proche de celui de son illustre mari, Clara n’en avait pas moins écrit une œuvre bien personnelle. Un sentiment romantique d’une grande simplicité mélodique (mais sans aucune fadeur) s’y fait entendre tout au long des quatre mouvements. Ce qui n’exclut nullement une belle imagination instrumentale mais aussi des moments toniques et spirituels comme dans le Scherzo par exemple.

Avec sa consœur Fanny Mendelssohn, Clara aurait ainsi inventé quelque chose comme le « romantisme musical au féminin », un exemple que devaient suivre, au XIXème siècle, la française Clémence de Grandval (1828-1907) et la suédoise Laura Netzel (1839-1927). En témoignent les petites pièces agréables et de bonne facture pour la même formation qu’on entendra au même programme.

Également d’une durée assez modeste, Soir et Matin de la compositrice française Mel Bonis (1858-1937) s’ouvrira cependant avec bonheur vers la modernité impressionniste. Magnifiquement bien sonnante, la musique de ce dyptique « atmosphérique » sait se faire d’abord calme et généreuse (Soir) avant de s’égrener en mille perles de rosée en son second volet (Matin).